vendredi 17 août 2012

Web 2.0 : Un champ de mine en campagne (électorale)

Il y a plusieurs façons de se donner de la visibilité en campagne électorale.  La plus concrète est sans contredit les bains de foule. Aller là où les citoyens se trouvent (festivals, parc, fêtes et centres commerciaux), c’est comme ça qu’on prend réellement le pouls de notre communauté.  Car il ne faut pas se le cacher, rare sont les citoyen qui iront à la rencontre de leurs candidats de leur propre chef.  Toutefois, les versions électroniques des journaux locaux offrent une visibilité très intéressante aux candidats.  En attendant le débat de mardi, c'est une façon sans grand risque pour les candidats de se faire valoir.  Encore faut-il bien connaître son programme et être convainquant...

http://www.vaudreuil-soulanges.tv/reportages/elections-provinciales-quebec-2012/elec-009-la-question-de-la-semaine/elec-009.html
Mais il y a aussi les inévitables réseaux sociaux pour faire passer un message ou rejoindre un autre type de clientèle (Twitter, Facebook et Youtube, Instagram, blogues personnels). Ici encore, il ne faut pas se leurrer. Jouer dans les réseaux sociaux est très dangereux en politique.  C’est un vrai champ de mine. Les journalistes et organismes officiels y sont, mais les trolls aussi. Ce que vous y dites ou faites peut se propager à la vitesse de la lumière et se retourner contre vous.  Il faut une bonne dose d’humilité pour y être; Une bonne dose d’humour et d’autodérision aussi. Mais pourquoi y être?
Parce qu’en 2012, on a plus le choix.  Même si, disons, seulement 20% de la population (ce qui me semble un chiffre élevé) suit la campagne électorale via les réseaux sociaux, dans certains comtés ce 20% mieux informé peut facilement faire une différence.  Mais c’est aussi des endroits pour paraître plus humain.  Je dirais même paraître normal et non moulé sur une ligne de parti.  Avec le cynisme et le désintéressement de la population qui se sont installés durant la dernière décennie, discuter et être présent sur le web 2.0 permet une sorte de réconciliation avec la politique.  C’est une nouvelle forme de démocratie participative.  Il y a du bon, mais il y a aussi le mauvais qu’il faut savoir contrôler.
Comment le contrôler quand on est un politicien?  On utilise froidement le web 2.0 comme un babillard et on se vautre dans l’un des types suivants :
·         Le type « Erreur 404 »


L’absent est celui qui est incapable d’utiliser les nouvelles technologies.  Peut-être est-il trop vieux ou a-t-il peur. Ce sont souvent les organisateurs ou partenaires de l’absent qui gèrent les courriels, s’il en a un.  Mais pourquoi est-il absent?  Entre autre parce qu’il prend souvent son comté pour acquis et que de créer des remous pourrait lui être fatal. La sphère web est souvent impardonnable car encore très (trop) anonyme.  Dans Vaudreuil, il n’y a pas de total absents web chez nos candidats. Mais depuis peu, Martin Legault de la CAQ en est devenu un.
·         Le type « fer à repasser »

Celui que toute maman voudrait avoir comme fils ou fille. Ça c’est le type qui est le plus utilisé. Les gens aiment ça quand on a l’air professionnel et bien mis.  On entend le candidat réciter une rhétorique épurée, propre et sans bavure.  La cravate droite, le pantalon repassé, les décors mielleux et les cui cui…  Pour ma part, je trouve cette façon de faire bien inintéressante.  Le contrôle de l’image semble passer avant la vérité.  Le message commun d’un parti surpasse la personnalité profonde du candidat et efface toute humanité tangible.  Notre champion local de ce type est Yvon Marcoux (PLQ), avec ces apparitions multiples dans les photos léchées de sa page Facebook (très très peu utilisée).  Ce dernier ne permet même pas un échange avec ses citoyens sur le web.  Parlez-moi de courage!  Oui c’est propre et sans reproches, mais c’est « plate à mort », comme un épisode de « Les feux de l’amour » ou les pages immobilières du journal local.  Pas loin derrière est Kim Comeau du PQ.  Malgré son beau côté maladroit charmant de sa vidéo de présentation sur You Tube juste ici, Kim Comeau semble user de vieilles stratégies politiques qui ne brouillent pas l’eau, malgré son jeune âge.  Je me serais attendu à plus de dynamisme et à un message plus personnalisé des propositions du PQ.  Pour le moment, j’entends une cassette. Mais bon, je suppose que le risque de dérapage est trop grand pour un parti qui aspire à prendre un comté Libéral fort.  C’est vrai qu’on le voudrait tous comme ami, frère ou fils.  Est-ce que ça en fait un bon candidat?
·         Le lâché « lousse »

Nous avons eu pour un court moment la chance d’avoir un lâché « lousse » en la personne de Matin Legault de la CAQ.  Après sa nomination comme candidat en début d’été, on pouvait le suivre allègrement dans des commentaires très intéressants et même quelques échanges libres avec des internautes dans Twitter.  Mais depuis sa maladroite déclaration (juste ici) sur sa page facebook en rapport à l’organisation d’une soirée de financement pour la CAQ, c’est le silence radio. Je le comprends.  Mais après avoir fait amende honorable en précisant l’objectif du commentaire sur sa propre page, nous pourrions espérer un retour.  Mais ce n’est pas le cas.  Je trouve qu’il n’y a pas assez de lâché « lousse » en politique.  Mais attention, « lâché lousse » ne veut pas dire perpétrer des âneries.  Je dirais plutôt être libre, respectueux mais intéressant.  D’autres candidats du type lâché « lousse » sont Julien Leclerc des Verts et Julien Bédard de Option Nationale.  Tous deux tweet allègrement sans censures.  Tout en présentant des commentaires qui parlent de leur parti et programmes respectifs, on en apprend aussi sur la réelle personnalité de ces candidats.  Et je trouve ça beaucoup plus rassurant que le type « fer à repasser ».  Mais ça prend du courage pour afficher ses idées de cette façon.  Ces gens marchent sur un fil de fer comme funambules.  Ce qui est grandement divertissant. Un peu à l'image de la merveilleuse campagne publicitaire de Québec solidaire ou de Catherine Dorion de Option Nationale, on parle d'autodérision très productive et efficace chez les "loose cannon".  Ce qui est très bien mais très dangeureux.

·         Le « Tout le monde il est gentil »

Il ne faut pas voir ce type trop péjorativement.  Ce type d’intervenant 2.0 est souvent celui qui monte le débat d’un cran, grâce à sa grande ouverture et son respect notable de ses adversaires.  Grâce à ce type, le combat politique devient un bar avec un pichet de bière sur la table, devient un souper de famille où toute les allégeances se rencontrent (et gueulent) mais qui s’aiment quand même.  Ce type est un facilitateur.  En plus de promouvoir sa plateforme, il n’a pas peur de parler de ses adversaires, non pas comme des méchants, mais comme d’honorables citoyens qui vivent une expérience politique tout aussi exaltante et difficile que lui.  Ce type est un modèle de fairplay. Et l’on ne peut qu’aimer ce genre de candidat, sans toutefois se sentir obligé d'aimer sa plateforme.  Il inspire confiance et met en valeur un nouveau genre de politique axée sur le vrai et l’humain.  C’est typiquement ce qu’est Marc-André Pilon de Québec Solidaire.  Nul besoin de croire que sa plateforme de gauche soit ce que l’on veut. L’homme derrière est déjà apprécié par ses concitoyens. Toutefois, les gains réels que cette attitude apporte en campagne électorale, cette arène sans pardon, donne habituellement peu de résultats concrets lorsque vient le temps de voter.  Voyons voir le 4 septembre si cette vague orangée saura coller au comté.
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Et pourquoi pas de blogue ou de billets plus complet de nos candidats, comme le fait l’ancien journaliste Pierre Duchesne du PQ?  Est-ce trop demander d’élaborer et personnaliser son discours souvent trop formel d’un parti?  Est-ce par manque de temps?  Le risque est pourtant faible de trébucher et suscite aussi le débat avec les gens.  Mystère.  Peut-être verrons-nous cela dans des campagnes futures.

Et moi dans tout ça?  Moi je suis libre.  Indécis, mais libre

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